MANUSCRITS

PNAKOTIQUES

 

Traduction moderne et approximative de certains extraits de l'ouvrage original ˆ partir des fragments retrouvŽs dans la maison de Sir Edmond Baldwinn et cŽdŽs aprs sa mort ˆ Monseigneur Garguelle, Žvque de Rouen et conseiller auprs de sa SaintetŽ Pie VII.

 

REMERCIEMENTS

Mohamed Razkav

Conservateur des galeries orientales du MusŽe du Louvre

Pour les textes en arabe ancien.

 

Jacques Marcel

ChargŽ de Recherches au CNRS

Pour les interprŽtations hiŽroglyphiques.

 

Marc Drofnats

Ecrivain

Pour ses connaissances incomparables en mythologie prŽhistorique.

 

Anton Derek et Raoul Marcadier

Archivistes ˆ la Bibliothque Nationale.

Pour l'accs privilŽgiŽ ˆ certains ouvrages.

 

Cette traduction aurait ŽtŽ rendue impossible sans leur aide et leurs conseils ŽclairŽs.

 

LIVRE PREMIER

ALTAK REDOK (fg hdhhÚi)

La Terre n'existe pas. Elle flotte dans l'infini du nŽant et se rapproche chaque jour un peu plus d'une fin qu'elle ne peut pas conna”tre. A l'extŽrieur, le reste des mondes gravite et dŽrive ˆ perte d'imagination. Chaque monde est peuplŽ par les InfŽrieurs et observŽ par les SupŽrieurs, les habitants d'entre les mondes.

Les InfŽrieurs sont les habitants de tous ces mondes, ceux qui subissent et endurent. Tous ne sont pas aussi misŽrables que les humains mais chacun reste sujet ˆ la fatalitŽ et aux desseins des SupŽrieurs. Mortels dans l'‰me. Seule l'adoration leur permet d'influencer faiblement leur malheureuse destinŽe. L'adoration vŽritable et la vŽnŽration ultime peuvent sublimer l'esprit en le rendant esclave de ceux qu'il a choisi de servir. C'est par l'Žlimination des siens que la preuve d'une telle supŽrioritŽ peut tre faite.

C'est en tuant son frre que l'on renie sa famille.

C'est en tuant les siens que l'on s'Žlve spirituellement.

C'est en sacrifiant le genre humain que l'on sâen dŽtache ˆ jamais.

C'est parce que l'homme en particulier et les InfŽrieurs en gŽnŽral sont bien trop insignifiants pour s'admirer eux mme qu'ils doivent se tourner vers des crŽatures supŽrieures; une rŽcompense comparŽe au reste des ombres qui peuplent les mondes.

Les SupŽrieurs Žvoluent entre les mondes. Certains ne sont que le fruit du dŽsir des mortels. Cauchemardesques mais bien rŽels. Horreur extrme pour l'inculte et perfection merveilleuse pour celui qui a choisi de suivre la voie. Aucun ne peut rŽpondre ˆ l'appel InfŽrieur. Il peut simplement dŽtourner son chemin pour plonger dans son propre ŽlŽment reconstituŽ par le biais de l'id™latrerie. Les rŽcompenses dŽcernŽes ne sont que merveilles pour l'adorateur. PlongŽ dans fange obscure, il ne peut rŽaliser ˆ quel point les prŽsents qui lui sont faits ne sont que misres insondables pour celui qui dirige.

 

ALTAK AROK (fg fdftd)

Chacun possde un serviteur. Quelque chose qui lui est infŽrieur, qui le sert par la force des choses ou accepte de le servir par la force tout court. Le soleil sert la Terre, le cheval sert l'homme, les InfŽrieurs servent les SupŽrieurs. Seuls les Dieux ne servent qu'eux mme et leurs propres serviteurs ont une puissance propre qui dŽpasse l'imagination la plus terrifiante. Les Dieux ont le pouvoir de contr™ler les ŽlŽments, de se faire servir par eux puisqu'ils sont ces ŽlŽments. Tandis que l'infŽrieur subit les ŽlŽments qui le servent et le desservent tour ˆ tour sans aucun contr™le.

L'homme ne peut survivre et se sublimer que si il comprend son destin et sa fonction. Servir les Anciens est un privilge et un aboutissement accordŽ ˆ chacun d'entre nous. Il ne s'agit pas d'un choix ou d'une simple libertŽ mais d'une obligation. Les Anciens sont nos ma”tres incontestŽs, rien ni personne ne peut Žchapper ˆ leur contr™le et il sera toujours prŽfŽrable de se sacrifier pour leur avnement que de survivre en dehors de leur influence. C'est dans cet esprit que chacun de nos enfants doit tre ŽlevŽ et sacrifiŽ. Peut-tre sera t-il un jour transportŽ jusqu'ˆ Kadath par un Voleur d'Entre les Ombres pour y tre dŽvorŽ par les Fouisseurs d'En Bas. Son sang marquant ˆ jamais les dalles immŽmorables de basalte sombre. Combien d'entre nous ont ainsi glorieusement terminŽ leur destinŽe au milieux des milliards de dŽpouilles qui rempliront ˆ jamais la vallŽe de Fra•mm formant un vŽritable ocŽan d'os dont les vagues et les marŽes ne sont autres que les mouvements cyclopŽens des Dholes dont la taille n'est en vŽritŽ comparable qu'ˆ la sagesse et la connaisance acquise dans l'attente du jour o la Terre elle-mme sera ˆ l'image de cet ocŽan.

 

ALTAK SHIROK (dr ftzfd)

Les Anciens Žtendent leur prŽsence sur la terre, dans le ciel et au fond des ocŽans. Ils ne connaissent aucune limite dans le temps et dans l'espace. Leur seule barrire est leur prison, ŽdifiŽe par les Plus Anciens. Ils sont condamnŽs ˆ contempler leur gloire passŽe et leur avnement futur.

Cthulhu qui rve et attend bercŽ par les cauchemars des hommes et servis par Ceux des profondeurs. R'Lyeh est sa demeure et sa prison et malheur ˆ ceux qui tentent d'en briser le sceau. Ses serviteurs perpŽtuent sa grandeur en trouvant des gŽnŽtrices fŽcondes au sein du genre humain. En portant un rejeton d'un Habitant des Profondeurs, c'est une partie du Grand Cthulhu lui-mme que ces humaines impures portent en elles.

Hastur qui n'existe que dans le passŽ des autres Dieux se tapit meurtri ˆ jamais au fond du lac de Hali. L'image qu'il donne dŽchirera un jour l'‰me de tous ceux qui lui ont refusŽ la gloire. Vivre dans l'absence, influencer sans agir, sa torture intemporelle agit sur d'autres lieux que l'homme ne pourra jamais contempler tant la solitude qui y prŽside l'anŽantirait corps et ‰me. Sa seule libertŽ rŽside dans la profondeur. S'enfouir toujours plus profondŽment dans les abysses de sa prison pour y trouver une hypothŽtique issue anonciatrice de son retour dŽvastateur. Si ancienne est sa mŽmoire qu'elle ne peut contenir de desseins vengeurs. Pourtant, la dŽvastation viendra. Elle se dŽversera inexorablement dans le seul but de punir, telle une vague de haine millŽnaire et incontrolable. Elle se dŽchainera sur ceux, morts ou vivants qui ont osŽ contempler ou admirer autre que lui. Ainsi Hastur n'a nul besoin de serviteurs, d'infŽrieurs pour le servir et certifier son existence. Son retour existera et l'horreur sera telle qu'elle marquera la Terre au prŽsent, au futur et au passŽ. Hastur emplira l'univers aussi certainement que la compassion lui est Žtrangre.

Yog Sototh qui erre au fond du continuum espace temps ˆ la recherche d'une sortie possible parmi l'infinitŽ de portes qui lui sont offertes. Lˆ est le paradoxe de Yog Sototh, tre prisonnier d'un espace infini et sans frontires. Ses fils sont des partie de son tout. Chacun ma”trise un ŽlŽment particulier et une dimension qui porte son nom. TŽphriss est l'un d'entre eux. Il rŽside dans notre dimension et conduit les souffrances du Monde au coeur de son pre pour lui apporter une infime rŽjouissance comparŽe ˆ la souffrance de sa prison.

Ithaqua. Le Wendigo. Le Marcheur sur le Vent. Perdu seul et ignorŽ aux confins des Žtendues glacŽes.

Shuub Nigurath qui ne compte plus gure que quelques adorateurs. Quelle dŽchŽance pour lui, le reprŽsentant de la fertilitŽ. Un jour viendra o ses rejetons rena”trons de l'oubli par la volontŽ du ma”tre et rŽpandrons le chaos ultime, rŽcompense pour certains et punition pour les autres.

Atlach Natcha qui tisse sans fin une toile dont l'achvement signera la fin de l'univers. Sa toile est un reflet du dŽbut et un oracle de la fin. Franchir le pont interminable qui sŽpare son monde du notre pour rejoindre les millions d'‰mes volontairement prisonnires de sa toile reste un accomplissement, une participation ˆ l'anŽantissement de tout ce qui existe.

Ran Rathog, l'informe monstruositŽ qui existe seulement dans les cauchemars de tous les univers de la crŽation. Celui que l'homme ne peut adorer puisqu'il ne peut en comprendre l'existence.

Yig. Le renŽgat. Son misŽrable peuple n'existe plus qu'ˆ l'abri des regards. Sa colre et son venin jailliront sur ses bourreaux. Sa fureur et sa sve rempliront le coeur et le ventre des femelles fŽcondes pour redonner la vie ˆ son peuple. Son retour serait une hŽrŽsie ultime. Une telle offense ˆ la puissance des Anciens, qu'il serait suffisant pour briser leurs sceaux et permettre l'anŽantissement de ce qui ne devrait pas tre.

 

ALTAK TZAROK (uy jll)

Les Grands Anciens ne peuvent exister rŽellement que s'ils sont adorŽs et craints. Que peuvent-ils tre si personne ne les reconnait le jour de leur rŽveil. Car si le temps ne compte pas pour les Grands Anciens, il existe bel et bien pour bon nombre de leurs serviteurs poursuivis par la cruautŽ et la cupiditŽ des hommes. Combien d'entre eux sont tombŽs, victimes de leur destinŽe. En d'autres temps, ils furent vŽnŽrŽs comme des crŽatures mythiques et adorŽs en tant que dieux. Aujourd'hui, ils sont synonymes de cauchemars et pourchassŽs impitoyablement pour tre exterminŽs par les inf‰mes porcs qui influencent les hommes en leur faisant adorer des Dieux faibles et imaginaires.

Triste destin que celui des tres des profondeurs dont les villes cyclopŽennes disparaissent les unes aprs les autres. Leurs occupants ne sont plus lˆ pour entretenir les tours et cŽlŽbrer le culte de leur divinitŽ, le Grand Cthulhu. Ya F'tagn.

Que dire de Shudde-Mell, le prince de Ceux qui Creusent les Profondeurs. Il erre sous la Terre dans le seul but de sauvegarder le peu de membres de son peuple qui ont survŽcus au travers des ‰ges. Que deviendront ˆ sa mort les tours de basaltes noir de sa citŽ b‰tie aux dimensions de son peuple.

Tcho-Tcho, Incas, Lapons et bien d'autres encore ont disparus avec leurs connaissances sacrŽes. Leurs cultes maudits ont ŽtŽ anŽantis ˆ jamais par les adorateurs de l'anti-primitivitŽ. Leurs temples sont effondrŽs et les objets du culte rŽpandus dans les musŽes, livrŽs aux regards de visiteurs ignares. Quelle hŽrŽsie. Quel sacrilge.

 

BRATAK LOMOK (gf ioi)

Deux arbres millŽnaires ceinturent un cercle de pierres gravŽes de runes dont la signification m'Žchappent. Peut-tre sont-elles sans rapport avec les prŽsences qui hantent les lieux, signes d'un culte d'anciens habitants de la rŽgion aujourd'hui disparus.

Plus loin sur la route, un pont de jade enjambe une mince rivire. C'est en la descendant vers les collines que le voyageur pŽntre dans la sombre fort de K'Ta•. En affronter les multiples dangers demande un courage et une chance remarquables. Car la fort fait partie de ces parcelles des contrŽes reliŽes avec d'autres lieux encore plus formidables. Des recoins de l'univers oubliŽs du regard de tous. Des plantes aux habitants incroyables et terrifiants.

Malheur ˆ celui qui devrait les affronter sans s'y tre prŽparŽ. C'est pourquoi, je me rŽjouissais en la traversant de m'tre placŽ auparavant sous la protection du Grand Messager. Son signe est une protection toute puissante contre de tels ennemis. Il est connu et redoutŽ aux quatre coins de l'univers.

Au sortir de la fort, le voyageur n'a plus besoin de quelconques indications pour s'orienter. La colonne de pierre s'Žlve au sommet d'un pic et semble luire malgrŽ son manque de couleur. Elle domine l'ensemble de la vallŽe de sa prŽsence malŽfique. Je pense personnellement qu'au lieu de renvoyer la lumire, elle l'attire ˆ elle et l'absorbe guidant ainsi les voyageurs vers elle.

Le reste du voyage ressemble ˆ une qute sans repos guidŽe par la prŽsence hypnotique du monolythe. Des jours entiers de marche sont nŽcessaire pour l'atteindre, mais la rŽcompense est ˆ la mesure des peines endurŽes.

La tour possde un diamtre cyclopŽen. Sa surface est Žtrangement lisse et semble indiffŽrente ˆ l'empreinte du temps. J'imagine qu' elle existe en fait dans plusieurs univers. En effet, depuis sa base, le paysage de la vallŽe semble disparaitre. Il est remplacŽ par des dizaines de visions diffŽrentes et chacun est une porte sur des milliers d'univers merveilleux. Lorsqu'il doit quitter la tour, le voyageur ne sait pas vraiment o il va se rendre. Cela peut tre dans un lieux merveilleux ou dans un endroit bien plus malŽfique habitŽ par des crŽatures innomables.

J'ai apperu de tels monde en scrutant l'horizon depuis la tour. J'ai mme cru reconna”tre des lieux interdits et innaccessibles comme Kadath, Hali ou le terrible plateau de Leng. Leur seule vue me glaait le sang et l'idŽe mme de devoir quitter la terrible tranquillitŽ de la tour m'Žtait insupportable.

Cette dernire est intŽgralement recouverte de runes Žtranges. En fait les inscriptions sur la tour ne sont autres que des messages laissŽs par des voyageurs tels que moi mais venus de biens des endoits Žtranges et diffŽrents. Tous sont dŽdiŽs au mme dieu, habitant de la tour : le Messager dont le signe figure ˆ jamais sur mon bras. J'ai reproduit dans cet ouvrage la seule inscription qui Žtait dŽchiffrable ˆ mes yeux. Les autres reprenaient des motifs absurdes et sans aucun sens ou Žtaient situŽes trop haut sur la tour.

Ya Ya Shuub Nigurath Etak Ralfak N'Tog Etak Ralfak

Hoob Siug Freeghtaghu Eliaph Niartak Zgaaaar

 

BENATH CTHUGGA (^pgopo)

L'arabe dŽment le dit dans son ouvrage : "Au soleil d'Aldebaran le feu du ciel se rŽpand sur la Terre ˆ l'appel du sorcier aux mots de : Cthugga Raleff'ka ett Cthugga Nuowa Skarak

Cette incantation est rŽpŽtŽe 3 fois. Le rythme de prononciation et l'intonation du chanteur semble revtir une importance aux yeux d'Al Azred. Malheureusement il les a lui mme extraites de tablettes plus anciennes : les tablettes de Zlant'aus. De plus, il est dit que le sorcier devra se munir de son sceptre d'adorateur de Cthugga sans quoi il s'expose ˆ la colre des crŽatures qu'il invoque.

Al Azred explique ainsi comment appeler non pas Cthugga mais ses simples serviteurs comme l'Žrudit l'aura bien entendu compris. AppelŽs communŽment "Feux Follets", les serviteurs du grand anciens sont ici dŽcrits comme des tres de feux, aux formes changeantes capables d'enflammer toute matire et de faire fondre en un instant l'acier issu de la meilleure forge.

Mais qu'en est-il du sceptre dont il est question plus haut ? Il faut chercher beaucoup plus en avant pour trouver un ouvrage y faisant rŽfŽrence. Car la rŽponse existe. Elle se trouve dans le terrible "Livre d'Eibon" dont j'ai dŽjˆ fait mention. Il est dit :

"Seul celui dont l'arme aura ŽtŽ approchŽe par le Ma”tre du Feu lui mme pourra prŽtendre avoir recours ˆ son aide ou celle de ses minions. Il doit convoquer le Ma”tre et offrande lui faire d'une telle taille qu'il daignera alors lui laisser la vie et l'‰me sauves."

Convoquer Cthugga. Quelle folie, et quelle consŽcration. Mais qui est en mesure de survivre ˆ une telle Žpreuve et quelle est l'offrande suffisante pour appaiser un Dieu. C'est pourquoi, je reproduis ici le cŽrŽmonial dŽcrit dans le Livre d'Eibon sans en conna”tre rŽellement la portŽe et l'utilisation.

"De l'autel taillŽ dans le roc, les rainures s'Žtendent vers le sol. L'arme sacrŽe doit pŽnŽtrer chacune des victimes sans l'anŽantir. Leur mort se doit d'tre lente et pŽnible. La souffrance rŽpŽtŽe est en elle mme un appel aux Dieux Anciens. Plus la victime est consentante et plus sa dŽsillusion est grande, ses souffrances atroces et bruyantes. Leur sang doit s'Žcouler ˆ la lumire d'une lune pleine et sans nuages et imbiber profondŽment le sol. Le sorcier se sera peint le corps des trois runes primaires de l'alphabet Nuug Soth. Sur lui il portera une robe sombre aux pourtours brodŽs d'or et d'argent. Tout son ouvrage doit s'accomplir les yeux tournŽs vers le ciel et l'‰me libŽrŽe de toute pensŽe; vide et prte ˆ tre investie par le Ma”tre des Flammes Immortelles. Lorsque le sol autour de lui sera comme imprŽgnŽ et rougi du sang de ses victimes, il pourra chanter les sombres paroles :

" Ia Ia CTHUgga Anolf Analph CTHUgga

Naa Trash Zewwa Shaamesh CTHgga "

Ce qu'il peut advenir aprs, seul celui qui a fait le voyage peut le dŽcrire.

 

BENATH PNATH (gd feiyr)

Au centre de nulle part s'Žtendent les cavernes de Pnath. Elles sont la frontire et le passage. Inexistantes et multitemporelles. Inhumaines dans leur antigŽomŽtrie.

Autrefois utilisŽe par le Peuple Serpent, ces cavernes leur permettaient de se rendre en tous points de l'univers. Les cavernes Žtaient non seulement un point de passage mais Žgalement le commencement et la fin pour tous les reprŽsentants du Peuple Serpent. Lˆ se trouve leur sanctuaire, l'endroit mme o leur ‰me malŽfique se rend aprs la dŽchŽance de leur enveloppe corporelle.

Le trs sŽrieux "Culte des Goules" rejoint ici en partie l'odieux Necronomicon dont un extrait est reproduit ici.

From beyond the depths of the earth

Crawling under unsspeakable caverns

Great Yig waitss for a time of rebirth

Dreaming for humans death in return

Sssanctuary and nursssery for crawlersss

Black and cold in the infinity of solutions

Pnath lies everywhere and nowherelessss

Waiting for travellers and innocent minionss

Abdul Al Azred/Al Azif (d'aprs traduction libre de John Dee sous le titre Necronomicon).*

*NdT : Il est intŽressant ˆ ce sujet de noter la rŽpŽtition des "s" typiques selon John Dee du langage ŽsotŽrique employŽ autrefois par les adorateurs du Peuple Serpent pour communiquer avec leurs idoles.

C'est Žgalement dans les cavernes de Pnath que le Peuple Serpent veillait ˆ sa reproduction. Les Femelles ne pouvaient tre fŽcondŽes que dans les salles les plus obscures du dŽdale de Pnath et nulle part ailleurs. Yig lui mme rŽside dans ces cavernes, au plus profond du labyrinthe, au croisement de toutes les dimensions, prt ˆ rŽpondre aux appels de ceux qui l'invoquent et aux gŽmissement des femelles lacives sur lesquelles il rŽpand sa sve reptilienne et dominatrice.

Souvent empruntŽes par des voyageurs avides de dŽcouvertes, les Cavernes de Pnath portent encore les traces du ch‰timent infligŽ par les sŽ•des de Yig ˆ tous les profanes imprudent dont les souffrances indescriptibles rŽjouissent mon coeur et fortifient mon ‰me. La souffrance et un plaisir rare et la plus belle des morts n'est envisageable que si elle est accompagnŽe de sŽvices aussi raffinŽs que douloureux. L'amputation volontaire est un avant gožt savoureux de telles pratiques. Pour avoir moi mme parcouru Pnath, je jalouserai ˆ jamais la destinŽe de tels voyageurs honorŽs de la cruautŽ des plus grands tortionnaires de tous les mondes.

Les cavernes de Pnath sont accessibles depuis tous les points de l'univers puisqu'elles conduisent elles-mme ˆ tous les lieux et toutes les dimensions.

Malheur ˆ celui qui penserait que la dŽchŽance des Serpents permet d'emprunter librement les cavernes de Pnath pour voyager ˆ travers les mondes. Des tres merveilleux venus des parties les plus reculŽes de l'imagination ont envahi les cavernes et y rŽsident librement. J'ai moi mme vu et fui devant un chien de Tindalos. Cette entitŽ d'une beautŽ et d'une puretŽ rare reprŽsente le mal incarnŽ. Je n'ai du mon salut qu'ˆ une troupe d'hommes de Leng qui reprŽsentait un bien plus beau trophŽe. Leur cris minables rŽsonneront ˆ jamais de cavernes en cavernes propageant ˆ travers Pnath un avertissement dirigŽ vers les faibles et les inconscients.

Pnath ne fut pour moi qu'un passage. Un pont tendu vers Celeano et son infini connaissance qui bržla ˆ jamais mon esprit torturŽ. La route Žtait pavŽe des restes de malheureux intrŽpides qui se rendirent en ces lieux sans consommer du Mraed, la mixture dŽcrite sur la Pierre d'Azrad retirŽe de la pyramide de Gyseh par Anemophis pour en prŽserver le secret. Elle a trouvŽe une place toute particulire dans la chapelle que j'ai dŽdiŽ aux Dieux VŽritables. J'en reproduit ici les lignes utiles au voyageur pour concocter le breuvage et non les dŽblatŽrations obscnes concernant le panthŽon des faux dieux Žgyptiens.

Si Pnath est un carrefour, un simple passage vers d'autres lieux, c'est Žgalement un lieux ˆ part entire. Son infinitŽ semble Žvidente et je n'en ai moi mme parcouru qu'une partie infime. Aussi infime que la place de misŽrable vers rampant que j'occupe comparŽ ˆ l'immensitŽ des mondes et des merveilles qui peuplent les univers. La cartographie semble toutefois y tre possible malgrŽ les dimensions cyclopŽennes et les angles anormaux de l'endroit.

Sur notre monde, Pnath n'est accessible en fait qu'ˆ certains endroits privilŽgiŽs par le cosmos ˆ l'origine de la crŽation. C'est le cas de Kadath, des ruines de Xinop, de l'”le de Jador aujourd'hui engloutie et des grottes maudites de Rathan Moor au nord de l'Ecosse. C'est en ce dernier lieux que j'ai pŽnŽtrŽ le somptueux dŽdale.

Imprudents, misŽrables, dŽchets de la crŽation, fanges putrescientes, ce n'est pas le sorcier qui se rend ˆ Pnath, mais Pnath qui Žtend certaines de ses cavernes jusqu'ˆ lui comme autant de tentacules pour le pŽnŽtrer et lui faire visiter d'autres lieux. Les divines paroles doivent tre chantŽes, lancinantes et pŽnŽtrantes. La nuditŽ et la prŽsence de sang animal est une aide morale importante pour le sorcier. Seule l'orgie et la dŽpravation peuvent aiguiller le voyageur. Certains trouveront la flagellation comme un moyen simple d'accorder l'esprit avec la portŽe du chant incantatoire. Le sorcier peut Žgalement tre suppliciŽ au moment o il prononce les paroles ou les faire chanter ˆ un ennemi ˆ qui il ouvrira le ventre au milieu du chant pour plonger ses organes gŽnitaux dans son ventre et uriner au coeur mme de ses entrailles. RŽduites sont les chances de l'esprit pur qui prononcera les paroles sans les accompagner d'aucune perversion physique ou morale.

 

Alaaaaaaaaaa Sssssstrossshtaaa

Sssssstrossshtaaa Stag'n

Iagta'erba Nofraba Ictor Ftag'n

Aaaaaaaaaaa Sssssstrossshtaaa

Sssssstrossshtaaa Stag'n

Iagta'erba Nofraba Ictor Ftag'n ...

 

BENATH CARAK

... Qui de Steinberg ou Randolfsky a le premier Žmis une telle hypothse. Une seule chose est aujourd'hui certaine, c'est Randolfsky qui Žcrivit le "TraitŽ des Vieux Anciens". Ouvrage de rŽfŽrence si il en est. Ecrit au figurŽ avec le sang de son propre fils, victime malgrŽ lui des tatonnements d'une science ancienne ˆ la recherche d'une nouvelle identitŽ. Le passŽ s'Žcrivit ainsi avec les entrailles du futur. Il est trs important de relier de tels travaux ˆ la thŽorie des espaces convergents aussi bien au niveau luminique qu'au niveau temporel. " ... jamais la science ne pourra rŽsoudre ni expliquer la matŽrialisation d'un tre venu de nulle part. L'espace n'est ni en trois, ni en quatre, ni en mille dimensions. Il est infini non par ses limites mais par le nombre de dimensions qui le composent. Le degrŽ d'avancement d'une crŽature dans l'Žchelle cosmique s'Žvalue en fonction du nombre de dimensions qu'elle ma”trise. Ma”triser une dimension supplŽmentaire permet de repousser les limites du dŽplacement et de la connaissance pure. L'homme normal Žvolue dans un espace en trois dimensions et connait sans les ma”triser deux dimensions supplŽmentaires : le temps et le rve. C'est dans le domptage de ces deux dernires qu'il peut Žvoluer et se rapprocher de ses supŽrieurs.

Lors de leurs dŽplacement dans le nŽant des dimensions, les crŽatures apperoivent les appel de l'incantateur comme une lumire qui les guide jusqu'ˆ lui. Une incantation n'est autre qu'une conjonction de plusieurs dimensions qui correspondent ˆ celles dans lesquelles la crŽature Žvolue. Il est par exemple facile d'appeler un humain en opŽrant une incantation depuis la dimension des rves. L'humain ainsi contactŽ rŽpondra ˆ l'appel puis retournera dans son propre monde en trois dimensions. Mais qui sait ce qui peut appara”tre si une incantation est mal prononcŽe ou si le sorcier n'en ma”trise pas parfaitement les paramtres. Qui le sait, sinon celui qui essaye.

Heureusement pour les hommes, les Grands Anciens se dŽplacent dans une infinitŽ de dimensions simultanŽment. Pour leur faire appel, il faut donc lancer un chant d'une complexitŽ ultime dont la seule lecture peut amener le plus puissant sorcier au bord de la folie la plus suicidaire. Seule la conjonction des pouvoirs de plusieurs sorciers peut tre suffisament efficace pour contacter une telle entitŽ. Les incantateurs y gagnerait une connaissance inimaginable avant d'tre rŽduits et absorbŽs par celui mme qu'ils ont dŽrangŽ dans son sommeil impie. Bien souvent l'ordre cosmique dispense une punition ˆ la hauteur de la rŽcompense voulue. Ce qui nous amne ˆ ..."

 

BENATH MORDREKK

Plusieurs sites correspondent ˆ la description faite dans le Necronomicon. Aldebaran se situe en effet dans l'axe d'Andromde si l'on observe l'espace depuis le Grand Hall. Leur mouvement est axŽ ˆ l'infini et prŽsente de nombreuses similitudes avec Xkritag. Nager dans un sang translucide sous les lumires noires des rves les plus sombres avec pour seul ennemi la puanteur amicale des chairs putrŽfactives en dŽcomposition amne l'esprit au bord des pensŽes abjectes de certains matyrs dont les entrailles rŽsonnent de souffrances inhumaines qui rŽconfortent l'‰me et subliment le voyage tel un paysage grimaant bordŽ de haines cauchemardesques et ricanantes o les serviteurs se repaissent des craintes des faibles pour leur servir ce qu'ils redoutent le plus sans aucun autre but que la tourmente qui libre le voyageur en le faisant accŽder ˆ la folie bien avant que la souffrance ne dŽbute... Il faut hurler son nom aux Žtoiles, ˆ chacune d'entre elles, plusieurs fois mme depuis le dŽbut jusqu'ˆ la fin des temps sans jamais faiblir ni renoncer en attendant une rŽcompense qui ne viendra jamais mais que le seul fait de dŽsirer annonce une jouissance cosmique ˆ l'image des crŽatures grimaantes qui hantent l'entre-les-mondes. Heureusement, le gardien est lˆ. Il sera toujours lˆ, prt ˆ soutenir les dŽments et ˆ punir les faibles. Son aura bŽnŽfique rŽsonne des milliards de tortures dŽlicieuses infligŽes ˆ ceux lˆ. Les incroyants, misŽrables et vaniteux, satisfaits par leurs faiblesses, qui rampent comme des larves dans leur fange religieuse et finissent par se noyer dans leur propre vide. Yothag saura les punir. Il a toujours su se trouver lˆ o le passŽ se voile de l'ombre du futur et anŽantit toute espŽrance de vie prŽsente. Le prŽsent doit tre ŽliminŽ partout o il prend forme car il disperse les tres de leur but cosmique en les rattanchant ˆ une misŽrable notion matŽrialiste loin de toute pensŽe.

(dessin d'une constellation).

ERRTAG BAAK

Les hymnes prŽsentent, directement ou indirectement ou seulement par allusions, plusieurs cosmogonies. Il serait oiseux de chercher l'origine de chacune de ces cosmogonies... p236 ˆ 240.

 

ERRTAK ALOG

Il est important que l'Žlu soit allongŽ sur l'autel et totalement figŽ dans le carcan pour qu'il lui soit impossible d'imprimer un quelconque mouvement ˆ son corps. Le sorcier prendra soin de choisir une victime bien en chaire et tout ˆ fait saine mentalement. De ces bons vivants dont la joie de vivre n'a d'Žgal que l'incrŽdulitŽ. La dŽsillusion et l'accs ˆ la folie d'un tel personnage libŽrera une certaine puissance au moment o les mots seront prononcŽs.

La premire incinsion sera pratiquŽe sur la partie haute des paupires qui seront totalement dŽcollŽes pour s'assurer que le sujet ne perde rien du merveilleux spectacle qui l'attend. Deux jours d'attentes seront ensuite nŽcessaires pour laisser cicatriser la blessure et Žviter que l'homme ne soit aveuglŽ par son sang. Le manque de sommeil et les excrŽments qui l'entoureront alors seront un facteur d'affaiblissement intŽressant.

La premire amputation peut alors dŽbuter. Elle doit concerner les parties gŽnitales. Personne ne peut convoquer le Ma”tre en prŽsence d'une victime fŽconde. Lui seul doit reprŽsenter l'avenir et la multiplication de notre misŽrable espce.

Cette prŽparation doit suffire ˆ garantir l'accs indispensable de la victime ˆ la folie. Si celle ci ne survient pas ˆ ce stade, d'autres sŽvices plus avilissants encore peuvent tre pratiquŽs. NŽanmoins, les amputations ne devraient jamais concerner la bouche et les organes vocaux qui doivent tre ŽpargnŽs absolument sans quoi le Ma”tre ne pourrait se repa”tre des cris et des suplications de son nouvel esclave. Sa tentation serait alors immense de se tourner vers celui qui appelle pour en obtenir ces si dŽlicieuses souffrances.

Le nuit doit tre ˆ son tiers consommŽe. L'autel doit tre banni car la vŽritŽ emmerge du sol fait de terre brute. Le cercle doit tre large et entourŽ des branches. Le rythme est lent du dŽbut pour atteindre une continuitŽ finale. La lumire n'est faite que d'Žtoiles. L'incantateur doit tre solidement liŽ pour ne pas succomber ˆ la tentation de suivre le Ma”tre. La langue est celle de l'ancienne Alog. Le rŽcipient est jade aux bords d'obsidienne. Les premires dŽchirures du ciel sont les prŽmices ˆ la Venue. Un point de dŽpart ˆ l'accŽlŽration des mots. La terre se lve, la dŽmence apparait et devient un complice. La vision n'est plus. Le cauchemar se transforme en rve. Les cieux se dŽchirent et Sa prŽsence emplit l'espace et l'esprit, anŽantissant tout le reste. Les vicitimes connaissent enfin la consŽcration de lui appartenir. Le pouvoir est lˆ. L'tre tout entier baigne dans la puissance, s'en abreuve pour se sublimer. Le dŽpart est une dŽsillusion, une ouverture de l'esprit sur la minuscule importance du monde. L'Žvidence de l'utilisation future du pouvoir acquis semble Žvidente. Elle ne peut tre consacrŽe qu'ˆ sa venue dŽfinitive. Sa domination ultime. L'accs tant espŽrŽ au merveilleux statut d'esclave.

 

Errtag Bratag

Si jamais la nuit tombe. Si jamais les Žtoiles apparaissent. Si un certain silence s'impose aussi soudainement que l'obscuritŽ est apparue. Si la seule lumire visible Žmet une lueur particulirement bleutŽe et lointaine. Si cette nuit impŽnŽtrable semble peuplŽe d'images, mŽlange d'illusions et de rŽalitŽs imperceptibles, la ville aux trois fontaines n'est plus loin. Le portail apparait alors aussi soudainement que son absence semblait Žvidente quelques secondes auparavant A droite de son seuil se trouve l'antique relai qui permettait ˆ chacun de dŽcliner son but et l'objet de sa visite, tant il est certain que nul ne venait errer par hasard dans un tel dŽdale de formes cauchemardesques.

Se dŽfaire de tout ce qui encombre le corps est un point de passage indispensable. Il ne serait pas bon d'attirer ou mieux de provoquer les convoitises de ceux qui errent entre les espaces ˆ la recherche d'un signe qui les mettraient sur la voie de ce lieu insondable. Toutes les recherches et souffrances de celui qui a rŽussi le voyage seraient alors mises ˆ l'Žpreuve.

L'allgement du corps a certes son importance, mais la libŽration de l'esprit est bien plus importante encore. Celui qui pŽntre l'enceinte extŽrieure chargŽ de haines, de jalousie ou pire encore de regrets, celui lˆ commet une imprudence comparable aux enfers qu'il va dŽclencher sur sa misŽrable personne. Certains endroits lui resteront inaccessibles, tandis que d'autres seront son tombeau.

Cette libŽration totale de l'esprit, cette accession ˆ la puretŽ trouve sa consŽcration entre les colonnes, lˆ o les anciens venaient donner ˆ leur corps cette malheureuse pitance ˆ laquelle sont condamnŽs tous ceux dont l'esprit ne peut vivre sans la chair et les viscres. Place mythique car symbole de vide et souffrance.

Au delˆ du portail se tiennent deux gardiens faits de pierre. Peut-tre furent-ils en un temps reculŽ le symbole des dangers que comportent cet endroit? Celui de droite est un tre Žtrange, crŽature hybride nŽe du mŽlange d'un homme, d'un serpent et de l'imagination d'un artiste dŽment. Sa tte est surmontŽe d'un turban fait d'obsidienne pure, tandis que son cou interminable est cernŽ d'un collier de cr‰nes dont les formes rappellent au profanateur la multiplicitŽ des genres qui peuple le royaume. Sur son torse, ce fils de Yig porte un Žtrange glyphe qui, je l'appris plus tard est un appel ˆ la fŽconditŽ et ˆ la renaissance de la race. A sa gauche se tient une forme cauchemardesque, dŽlicieuce reprŽsentation des craintes que chacun emmne en cet endroit. Comme si sa forme mouvante s'Žtait imprŽgnŽe des peurs de chacun au cours des sicles en point d'en modifier l'apparence. Peut-tre l'Žmotion qui m'envahit ˆ sa vue ferait-elle dŽsormais partie intŽgrante de cette obcŽnitŽ. Cette seule pensŽe glaa mon sang au point de mâen dŽtourner la vue pour m'enfoncer dans l'obscuritŽ plus accueillante du merveilleux dŽdale.

Le manque de lumire est une bŽnŽdiction. Il permet de n'entrevoir qu'en partie les formes figŽes dans la pŽnombre qui conduiraient en un instant le plus ŽquilibrŽ des ermites ˆ une dŽmence meurtrire et incontrolable. RŽsister ˆ la tentation de s'approcher du puits central est l'erreur la plus difficile ˆ ne pas commettre, tant l'attirance envers ce lieu est importante. Ma seule aide fut la connaissance. Connaissance de ce que contient ce vide insondable tel qu'il fut dŽcrit dans le grand livre des Cultes ImmŽmoriaux. S'en approcher, l'Žtudier, s'imprŽgner de son histoire sont choses faciles. Se pencher pour plonger son regard dans ses entrailles est une folie. Le puits est un miroir. Il contient l'essence mme de l'endroit, de sa gŽnse jusqu'ˆ son effondrement, ne sŽlectionnant au hasard du temps que les passages les plus inommables afin de les dŽverser sur les imprudents et de capter au coeur mme de leur ‰mes les pensŽes abjectes que dŽclenchent en eux une telle avalanche de fantasmes et de haines incomprŽhensibles.

 

Errtag Holof

La science est un frein. Son cortge d'Žquations et de certitudes construit jour aprs jour, annŽe aprs annŽe, sicle aprs sicle, une barrire qui isole l'homme de ses croyances ancestrales. Le refus de l'axiome doit demeurer un principe aussi inŽbranlable que la foi profonde qui anime le mystique. De Vinci a baignŽ l'Occident de ses inventions charlatanes, Žblouissant un monde crŽdule et dŽsabusŽ. Markus l'a rencontrŽ, en personne. Errant sans but dans les rues de CŽlŽpha•s. Le choc des Hautes Terres et la proximitŽ des rveurs Žtaient si profondŽment incompatibles avec sa pseudo science qu'il y sombra dans une dŽmence hallucinŽe. Comment aurait-il en tre autrement alors que la puissance magique s'Žtait montrŽe bien plus rŽelle que la plus misŽrable de ses Žquations. Alors, Markus l'a emmenŽ ˆ Delek Taram, le temple de l'anti-gŽomŽtrie; lˆ o les angles ne rŽpondent ˆ aucune autre logique que la dŽmence de ceux qui en ont rvŽ le moindre recoin. Vinci hurla aux Žtoiles avant de se prostrer en une catatonie grotesque et Žternelle.

Il est des endroits o le plus savant des Žrudits ne peut plus rien expliquer, pas mme sa propre prŽsence en ces lieux.

 

Errtag LenghŽ

Gloire aux peuples de Leng. Esclaves de celui qui paie, bourreaux de son ennemi. Tour ˆ tour marins, guides, diplomates ou mercenaires et Žternels cauchemars pour les rveurs innocents. Nombre d'entre eux ont vu leur plus beau rve se ternir par la seule prŽsence des dŽmons enturbanŽs.

Celui qui ma”trise leur langue ancestrale y puisera une force nouvelle.

Celui qui sait les rendre serviles ne rvera jamais plus comme les autres.

Celui qui tombe sous leur emprise rejoindra les rameurs innomables qui propulsent leurs galres de Celepha•s ˆ Telek Arkan et au delˆ de l'ocŽan noir; sur leurs terres sacrŽes qui communiquent tous les temps et toutes les dimensions.

Fabuleux guerriers sans autre idŽal que celui des pierres prŽcieuses dont certains disent qu'elles leur servent ˆ b‰tir leurs galeries entre les mondes. Le Dieu Noir lui mme du renoncer dans ses desseins de conqute. Son armŽe et la magie dŽployŽe se perdirent ˆ jamais dans l'ocŽan alors que les hordes de Leng s'attaquaient ˆ ses seviteurs aux quatre coinss des ContrŽes. Humiliation ultime, son Žfigie tr™nant depuis la nuit des temps sur le mont N'Garne fut dŽfaite pour tre vendue au roi Carter. Pour chaque homme de Leng tombŽ au combat, et Cthulhu sait qu'ils furent nombreux, dix ttes d'adorateurs du Dieu Noir furent tranchŽes pour constituer la grande muraille de cr‰nes qui relie la fort d'Ongh au dŽsert d'Erahg Pulhat. L'impur Marigny rapporte que la terreur fut si totale que Nyarlathotep se plia ˆ considŽrer dŽsormais les bouchers de Leng comme des alliŽs qu'il lui faudrait payer pour en gagner la fidŽlitŽ.

 

Errtag R'lyeh

Voir les colonnes cyclopŽennes faites de jade et d'ambre noir qui ornent la frontire du portail. Contempler les reliefs indescriptibles qui racontent mais ne peuvent tre lus. Comprendre ces incantations qui vident l'‰me de tout sentiment Žtranger ˆ la dŽmence. PŽnŽtrer les rves de celui qui attend d'offrir une abomination telle que mme ses sbires pŽriront. Plonger dans les angles maudits o les dimensions se succdent plus vite que le temps. Saigner sans se mutiler pour purifier le corps de toute innocence. Atteindre enfin par la pensŽe le grand Cthulhu et lui abandonner mon ‰me abjecte pour qu'elle soit offerte dans ses rves futurs, passŽs et ˆ venir ˆ tous ceux qui ont cru croire en un autre que lui.

 

Errtag Zlantaus

L'homme au masque d'argent n'a pas de visage, ou plut™t ses visages sont si multiples qu'il est impossible de conna”tre son aspect originel. Son arrivŽe dans la tribu Tcho Tcho de Hucato Ziglas accŽlŽra la chute de leurs dieux pa•ens. DŽsormais, ils allaient adorer l'homme fait dieu par la force onirique. Totems, statues, autel et sorcier furent dŽtruits. Jamais un serviteur n'avait osŽ occulter les Grands Anciens pour tr™ner en leur place. Volant ˆ chacun d'entre eux sa particularitŽ pour faire de son culte un tout en pour lui qui voulait tre celui qui n'est qu'un pour eux tous. Il annula la castration en hommage ˆ la fertilitŽ de Shuub Nigurath, favorisa l'excision comme une offrande ˆ Atlach Natcha, interdit de toucher tout animal souterrain pour ne pas Žveiller Shuub Mell, remplaa les lances par des tridents en os afin de combattre comme ceux des profondeurs, offrit ˆ chacun un sifflet d'appel en gage de protection.

 

Framag Aarto'g

50 toises. C'est la distance qui sŽpare l'autel de l'entrŽe de la caverne. Une entrŽe faite de deux colosses scultŽs dans la masse noir‰tre et translucide de la pierre. Leurs mains palmŽes se rejoignent sur la vožte et surplombent le visiteur de leurs griffes menaantes. Vu de l'entrŽe, l'autel n'est qu'un cube baignŽ d'un Žtrange halo lumineux. La prŽsence des gardiens venus des profondeurs promet que jamais un humain avide de richesse ne viendra violer ce sanctuaire unique. Les seuls humains a avoir jamais pŽnŽtrŽ les lieux sont ceux dont le sang a recouvert depuis des sicles les dalles verd‰tres.

Chaque cŽrŽmonie est identique ˆ la premire. Celle qui fut perpŽtrŽe par Dagon. Celle qui fit sortir la montagne du fond de l'ocŽan. Celle qui vit son accouplement avec Hydra et la naissance du peuple des profondeurs. Celle enfin o les Žcritures furent gravŽes dans l'espace. DŽsormais, lorsque la lune serait masquŽe, les humains seraient accouplŽs ˆ leur tour ˆ leurs anctres.

La syllabe "hshrog" donne l'avnement

La pierre noire reflte le ma”tre

Le sol attire le feu

Les hurlements attisent l'obscuritŽ

La folie transcende la douleur

L'autel rŽvle le rituel ˆ jamais...

 

Framag Bngantag

Rares sont ceux qui prŽparent l'avŽnement de ceux que nous vŽnŽront. Plus rares sont ceux qui survivront ˆ leur venue. Unique est celui qui a dŽjˆ pŽrit plusieurs fois par dŽvotion. Carl, Anton, Marc... ses multiples visages sont autant de vies dŽdiŽes aux Anciens. Autant d'incroyants torturŽs, de cultes anŽantis, de rituels rŽgŽnŽrŽs, de barrires pulvŽrisŽes. Sa connaissance est telle que les Žcrits forment ˆ prŽsent partie de sa personne. Ainsi il inventa la double prŽsence. Celle qui autorise le simple humain ˆ parcourir les hautes terres jusque lˆ rŽservŽes aux rveurs. Deux prŽsences, autant de destins et un seul et mme dessein originel. Servir le Messager et rgner sur CŽlŽpha•s, anŽantir Yig et rŽveiller Yib-Tsstll, restaurer la grandeur de R'Lyeh et provoquer la chute d'Ulthar, offrir tant de cauchemars aux humains que le plus pacifiste des rveurs devienne ˆ jamais un psychopathe hantŽ par son intarissable soif de souffrance.

Les Anciens savent t-ils ? Cette grandeur colossale leur apparait t-elle dans toute sa dimension ? Et qu'adviendrait t-il du misŽrable si seulement le plus petit des serviteurs dŽcouvrait tant de pouvoirs abandonnŽ ˆ celui qui aimerait tre Dieu ? Il serait ŽcrasŽ immanquablement avec une sauvagerie que mme son esprit abandonnŽ ne peut entrevoir ni mme imaginer. Car celui qui veut sceller le sort de l'humanitŽ ˆ l'abri des Anciens Ždifie son propre destin ˆ l'ombre de son anŽantissement. Il pŽrira donc, aujourd'hui ou demain, ici ou ailleurs, anŽanti et oubliŽ.

 

Framag K'Taalog

Dans les entrailles de la mer d'Opale, l'ancienne ville de K'Taalog s'Žrode en silence. Immobile et oubliŽe, elle semble attendre une renaissance qui ne viendra plus. Rien ne rŽsonne plus dŽsormais dans ses ruelles Žtroites autrefois foulŽes par les prtres portant leur sacrifice quotidien ˆ la porte des Anciens. Cette porte sculptŽe par le grand NŽothrope lui-mme et dont l'effondrement prŽcipita la chute de la citŽ.

Pourtant, en plein coeur de cet oubli, s'Žlvent toujours les neuf stles de Brag T'Baghar. Chacune d'entre elles est orientŽe vers une dimension diffŽrente et confre ˆ la dalle placŽe en leur centre le pouvoir de projeter toute forme ˆ travers le temps et l'espace. C'est ce voyage sans retour qu'entreprenait chaque annŽe le Grand Shaman de K'Taalog. Les festivitŽs qui accompagnaient son geste symbolisaient la conqute par le culte d'un nouveau lieux vierge de toute croyance.

 

Le choix du nouveau Shaman Žtait alors soumis ˆ la volontŽ des Shantaks. Le plus ancien prtre attachait tous les apprentis sur la terrasse du temple et convoquait les Shantaks qui amputaient les deux mains de l'Elu. Cette coutume particulire privait le nouveau Shaman de tout sens tactile et prouvait ses hautes facultŽs spirituelles.